Les débats de la Jineolojî en France : une étincelle dans la quête pour la liberté

En 2016, une conférence de Jineolojî avait eu lieu à Paris. Durant cette conférence, les participantes étaient très enthousiastes et, en même temps, se trouvaient face à certaines contradictions. L’analyse de l’histoire du développement du patriarcat et celle de la lutte des femmes et de la société naturelle à son encontre ouvraient de nouvelles voies de pensée : celle d’un changement de paradigme. Pour beaucoup de ces femmes, c’était la première fois qu’elles réfléchissaient à des questions telles que : « si autrefois les femmes n’étaient pas opprimées, qui étaient-elles alors? » ou encore « qu’est-ce qu’une femme libre? » et « comment vivre? ».

Après cette conférence à Paris, le comité de Jineolojî en Europe a permis de faire connaître les fondements et les perspectives de cette science des femmes par le biais de campements, d’ateliers, de séminaires et de formations et les contradictions qui surgissent de ces rencontres ouvrent la voie à de nouveaux débats en France. En particulier, la vision de la Jineolojî à propos de la nature de la femme et les critiques au féminisme ne sont pas toujours facilement reçues, surtout par les femmes issues de la ville et qui ont fait des études. Néanmoins, les discussions autour de l’expérience du Mouvement des femmes au Kurdistan et des concepts tels que « Tuer et transformer l’homme dominant » et la « Covivance Libre » sont convaincantes et amènent de nouvelles réflexions autour des questions suivantes : « d’où viennent les problèmes de liberté de la femme, de la nature et de la société ? Et comment trouver des solutions à ces problèmes ? ».

L’impact de l’histoire centrée sur l’homme

Dans nos débats menés en France, ce sont surtout les problèmes de l’impact de la science positiviste et du système d’état-nation dans les mouvements féministes et de gauche qui ressortent. Après la révolution française de 1789, l’homme bourgeois au pouvoir s’est défini comme le sexe, la classe, et la nation la plus avancée de l’histoire et a imposé cette vision au monde entier. C’est par le biais de la science que cette vision c’est imposée, afin de rendre l’asservissement et la colonisation de la femme, de la nature et de la société légitime. Les philosophes et les scientifiques européens se sont ainsi alliés avec l’état-nation. C’est également à cette époque que la « Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen » est devenue la nouvelle définition de la liberté. C’est-à-dire que la liberté individuelle, exclusivement dans les mains de l’homme bourgeois, devenait la perception de liberté la plus importante. Cela octroyait le droit à l’homme dominant de bafouer les droits de la femme, de la nature et de la société. Au temps de la Modernité capitaliste, cette déclaration a été perçue et diffusée comme étant le traité historique le plus moral et le plus avancée pour la protection de l’humanité, alors qu’en réalité, par essence, il ouvrait la voie à la perte du sens de la liberté. Autrement dit, il ouvrait la voie au danger de la perte de l’humanité. À partir du droit limité à celui du vote et de la propriété privée, la mentalité individualiste et la vision dominante de l’homme a sévèrement attaqué la mentalité communale et les connaissances de la société moral et politique qui persistaient depuis des milliers d’années. À l’aide de la propagande des forces hégémoniques, le modèle de l’égoïsme et de la vie privée de l’homme bourgeois, autrement dit le modèle libéral, est devenu peu à peu le modèle que toute classe, sexe, nation ou être opprimé devrait imiter. Jusqu’à nos jours, la proposition d’Olympe de Gouge de « Déclaration universelle des droits de la femme et de la citoyenne » est souvent considérée comme la première lutte des femmes de l’histoire. C’est-à-dire que l’origine de la lutte des femmes se limiterait à une lutte basée sur les droits de l’homme. Bien entendu, au temps de la révolution française, les femmes ont mené une grande résistance, mais l’approche d’Olympe de Gouge qui a ouvert la voie au développement du mouvement féministe ne permettait pas de dépasser le système de l’homme bourgeois, car elle demandait une place pour la femme bourgeoise dans ce système. Au 19ème et 20ème siècle, les femmes révolutionnaires socialistes et anti-coloniales ont fortement critiqué cette approche. Néanmoins, la culture de l’homme bourgeois s’est tout de même constituée comme le centre du monde, c’est-à-dire comme une culture hégémonique et universaliste. Il a défini tout ce qui était apparu avant lui comme « primitif » et « arriéré ». Le mouvement féministe en France reste fortement influencé par cette approche et fait souvent l’erreur de placer sa propre vision de résistance contre le système patriarcal au centre du monde, sans prendre en compte la lutte historique des femmes ailleurs.

En France, l’impact de l’universalisme sur les mouvements féministes, de gauche et de libération nationale est très importante. L’idée que « si l’homme occidental de la classe dominante est libre, alors je veux être libre comme lui » s’installe jusque dans l’esprit des femmes, des classes, des peuples et des personnes opprimées. Autrement dit, l’idée que « je veux devenir cet homme dominant qui peut faire ce qu’il veut quand il veut, sans devoir rendre de compte à personne » traverse les esprits. Ainsi, la mentalité égoïste et libérale bourgeoise se propage dans l’esprit des femmes et de la société comme un cancer. Des droits des femmes aux droits des enfants, des droits des travailleurs aux droits des peuples, et des droits humains aux droits des animaux également, dans le cadre de la Modernité capitaliste, la lutte pour les droits des êtres vivants s’aligne majoritairement sur les droits que l’homme bourgeois s’était lui-même octroyés. Même les mouvements antisystèmes qui cherchent à résister de manière radical, n’arrivent que très rarement à se libérer de l’approche de « petit-bourgeois » dans leur rapports avec la vie et la société. Les théories et les méthodes postmodernes issues de cette approche mène généralement les mouvements antisystèmes dans une impasse. Néanmoins, afin de pouvoir dépasser la Modernité capitaliste et construire une pensée libre, de nombreuses personnalités intellectuelles ont, par le passé, attiré notre attention sur le danger que représente l’imitation de l’homme de pouvoir. Par exemple, la poétesse afroféministe Aude Lorde disait : « Les outils du maître ne détruiront pas la maison du maître« . L’écrivain communiste Pier Paolo Pasolini disait : « J’ai la nostalgie des gens pauvres et vrais qui se battaient pour abattre ce patron, sans pour autant devenir ce patron. » Et le psychiatre algérien Frantz Fanon disait : « Le Noir qui veut blanchir sa race est aussi malheureux que celui qui prêche la haine du Blanc.« 

En général, car ils s’en tiennent à l’analyse des problèmes du système dominant, les mouvements antisystèmes restent souvent à un niveau théorique et rencontrent de nombreuses difficultés au niveau pratique pour pouvoir s’organiser en dehors du système et construire l’autonomie des femmes et de la société. On voit clairement ce problème en France aujourd’hui. Il y a tous les jours des manifestations contre le système étatique et patriarcal, mais parce qu’une alternative générale et à long terme n’est pas construite, ni au niveau philosophique, ni au niveau organisationnel et que les questions comme « Qu’est-qu’une femme libre ? Qu’est-ce qu’un travailleur libre ?, Qu’est-ce qu’une nation libre? », autrement dit « qu’est-ce qu’une humanité libre ? » ne sont pas correctement abordées, la protestation ne peut pas se convertir en une force qui puisse permettre la construction d’une vie nouvelle. Au contraire, à cause de ces faiblesses, l’objectif de la libération de la femme, la société et la nature ne peut pas être atteint, ouvrant la voie au nihilisme, au manque d’espoir et à l’apolitisme.

Une science théorique et pratique

Pour surmonter cette situation, le paradigme d’Abdullah Öcalan et les perspectives de la Jineolojî portent une quête de cohérence entre les pensées, les dires et les actes. La Jineoloijî est, en ce sens, une science de la théorie et de la pratique dans laquelle les principes d’étiques et d’esthétiques sont essentiels. Les femmes doivent mener leur vie et leur lutte en fonction de ce qu’elles ont compris de leur histoire et de leurs recherches. À partir de la cohérence existence-connaissance-forme développée sur les bases philosophiques d’Abdullah Öcalan, la culture, le mode de vie et de lutte du Mouvement des femmes au Kurdistan qui s’internationalise peut avoir un effet très positif en France et, en ce sens, la Jineolojî peut jouer un rôle très important.

Un autre sujet important est celui de l’éducation. Les formations de Jineolojî offrent un nouveau monde aux femmes. La différence avec le système d’éducation de l’état-nation ressort clairement. Des écoles aux universités, l’établissement de l’état-nation et des droits individuels sont présentés comme l’opportunité de la liberté la plus avancée pour l’humanité. Cette tromperie est mise en place avec pour but de faire des femmes et des peuples opprimés des esclaves de la Modernité capitaliste avec leur consentement et pour faire obstacle à l’essor d’une pensée et d’une volonté libre et révolutionnaire. En même temps, l’esprit d’égoïsme se répand dans le monde et fragmente la lutte pour la liberté en plusieurs sous-luttes pour les intérêts d’une personne, d’un sexe, d’une classe, d’une nation ou d’une catégorie de personnes. Cela empêche une vision générale et une organisation commune d’émerger. Ainsi, une analyse et une pensée holistique ne peut pas être développée. Les formes de lutte restent donc assez superficielles et ne peuvent pas faire obstacle à l’influence de l’esprit de « petit-bourgeois ». Les manifestations peuvent continuer de cette manière des centaines d’années mais, pour creuser les rivalités entre les différentes organisations, les forces hégémoniques vont toujours tirer profit de cette division en utilisant les contradictions de la lutte individuelle, de classe, de genre, nationale ou autre contre les femmes et la société. Leur objectif est l’élimination des mouvements de liberté, un par un. Les femmes féministes et de gauche qui participent aux formations de Jineolojî partagent souvent : « je n’arrive plus à trouver ma place dans une lutte collective. Je suis devenue passive. C’est pour cela que je suis là » et certaines ajoutent : « dans les mouvements politiques il y a un manque de perspectives pour pouvoir dépasser les conflits personnels et construire une vie communale ». Ces femmes cherchent des solutions dans l’expérience de la lutte des femmes kurdes et la Jineolojî.

Une feuille de route

Les membres du Voyage pour la vie zapatiste qui s’est tenu en Europe l’année dernière, ont analysé ce problème de la manière suivante : « l’individualisme est le plus grand ennemi des peuples. Il faut lutter contre lui. » Cet ennemi colonise chaque esprit et cherche à s’y établir. La dépression, le retrait, la colère, le manque de confiance et la passivité se répandent ainsi dans la société jusqu’au point où personne n’est plus capable de lutter ensemble, ni même de vivre ensemble. La société reste alors fragmentée et puisque les liens sociaux sont brisés, les problèmes de solitude et de manque de sens augmentent et les individus deviennent encore plus attachés au système et à l’état. Cela impact lourdement la psychologie des femmes qui en arrive à ne plus savoir comment faire un pas en avant dans leur lutte de libération.

Quand les femmes restent sans solutions et sans ambitions, la crise et le chaos s’installent dans leur âme, leur corps et leur esprit. Pour qu’elles puissent se connaître elles-mêmes et comprendre l’origine de leurs problèmes en lien avec le système, si de nouvelles opportunités n’émergent pas de ce moment de crise, ces problèmes vont sans cesse se prolonger en s’aggravant d’avantage. C’est comme cela que l’énergie fluide de la femme est attaquée et paralysée et c’est sur cette base que le système dominant patriarcal perpétue son existence. D’un autre côté, cette situation de crise personnelle ouvre la voie à une quête radicale de liberté et de socialité. La Jineolojî devient souvent, en ce sens, la première étincelle d’un soulèvement mental et émotionnel des femmes. En particulier en France, lorsqu’une femme rejoint le travail de Jineolojî, avant toute chose, elle vit souvent une grande lutte intérieure contre l’impact du système de l’homme bourgeois et de l’état-nation sur sa personnalité. De nombreux et divers doutes, contradictions et difficultés apparaissent alors, mais cette lutte intérieure apporte aux femmes la possibilité de mieux analyser leur personnalité. En particulier, lorsque celles qui viennent d’un milieu plutôt urbain et de classe moyenne se rendent compte que depuis l’enfance elles ont été éloignées des sens et sentiments sociaux et naturels, elles font face à de grandes difficultés, mais cette prise de conscience leur donne la possibilité d’un changement de vie radical. Les perspectives de la Jineolojî apparaissent comme une feuille de route qui peut se convertir en une nouvelle source de force et de volonté pour la vie des femmes.

Un autre problème que l’on retrouve en France est celui de l’influence de l’impérialisme et de l’état centraliste. Du Kurdistan au Chiapas, de l’Asie à l’Amérique latine, les problèmes militaires, économiques, écologiques et autres s’aggravent chaque jour et une violente guerre spéciale est menée contre l’esprit de la société morale et politique. Malgré cela, les femmes est les peuples en lutte restent debout et mènent activement leur combat dans chaque secteur de la vie. Contre le modèle hégémonique, la diversité de la femme, de la société et de la nature reste défendu et beaucoup d’efforts sont faits pour construire l’autonomie et l’union des femmes et des peuples. En Europe, et particulièrement en France, l’approche qui consiste à imposer la vision d’une seule personne ou d’une seule école de pensée à toutes et tous empêche généralement de dépasser les contradictions existantes et de trouver des solutions aux problèmes sociaux et écologiques. Cette approche ne permet pas de rassembler les gens pour amener des débats profonds à partir d’une dialectique positive. Chaque individu, chaque groupe, chaque parti, chaque académie ou autre cherche à imposer son point de vue sur son entourage. Chacun cherche à se placer au centre de tout et à prouver qu’il est le meilleur, le plus avancé et plus intelligent que les autres personnes ou les autres mouvements. Si ça n’est pas ainsi, cela est perçu comme une défaite car quelqu’un d’autre prendra sa place. L’état français s’est ainsi placé au centre du monde intellectuel et au cœur d’une féroce compétition avec les autres états. Dans le système d’éducation de l’état, la compétitivité intellectuelle est imposée faisant de chaque individu le centre d’un petit monde. Cela signifie que depuis l’enfance, toute possibilité de développer une perception large et empathique sur les bases de l’entre-aide sont anéanties. C’est de cette manière que la mentalité libérale et hégémonique s’est construite : « soit tu as du succès et tu deviens quelqu’un, soit tu as raté ta vie et tu n’es rien ». En dehors de cette formule, il n’y a aucune nuance ni aucune autre possibilité. Cela a un impact particulier sur la personnalité des femmes. Dans la compétitivité du système capitaliste et sexiste, elles sont vues comme plus faibles que les hommes. Cela a un impact psychologique et lorsqu’elles se retrouvent face à une approche dogmatique ou oppressive, elles ont tendance à se rabaisser et à faire un pas en arrière. Ou alors, pour pouvoir se maintenir debout, elles adoptent une approche de rivalité en imitant les hommes, comme un réflexe de défense. Les problèmes de Xwebûn (être soi) apparaissent très clairement. En France, ces deux types d’approches sont un obstacle qui empêche les femmes de mener un travail d’autonomie collective sur les fondements de l’amour pour leur propre genre. En même temps, l’esprit de défis [qui est « mis à l’épreuve »] peut, dans un contexte révolutionnaire, renforcer la détermination dans la personnalité des femmes. Quand une femme acquiert une grande ambition, qu’elle sort de son monde restreint, qu’elle entre dans une forme de « challenge » révolutionnaire contre le système avec pour objectif la construction de la Covivance libre et qu’elle renforce et organise également les femmes autour d’elle, un résultat positif peu alors émergé. Sur le principe de l’amour pour son propre genre et de la conscience du Xwebûn pour développer des relations démocratiques basées sur la sagesse des femmes, la Jineolojî construit un travail intellectuel collectif qui permet d’amener de grands changements et une profonde transformation.

Avec l’esprit révolutionnaire des femmes qui ont combattu ensemble jusqu’à leur dernière goutte de sang contre le gouvernement répresseur de Versaille dans les écoles et les barricades de la Commune de Paris, une fois encore, les femmes de France peuvent, avec l’insistance révolutionnaire du 21ème siècle, jouer un rôle juste et crucial. Cela ne sera possible qu’en faisant de Paris un lieu du feu ardent des soulèvements de la commune d’aujourd’hui, sans pour autant considérer cette commune comme le centre du monde, mais en mettant cette commune, avec humilité et amour, au service de l’ensemble de la révolution des femmes du monde. La vision politique étriquée et limitée qui prend en compte Paris comme étant la France entière ou qui ne s’attarde que sur la situation politique dans le cadre de l’état-nation français, sans prendre en compte la situation d’urgence internationale essentielle pour une lutte mondiale, empêchera une véritable union des femmes et des peuples contre les forces impérialistes et hégémoniques. Les problèmes de sentiment d’internationalisme en France sont de plus en plus profond et le chauvinisme se répand dans les mouvements féministes et de gauche comme une maladie. L’impact du nationalisme et du chauvinisme fait de la France une petite île indépendante qui cherche a influencer le monde entier, sans laisser que le reste du monde puisse influencer la France. Il existe, en ce sens, de profonds problèmes d’équilibre et de manque d’échanges symbiotiques. Autrement dit, cela révèle les difficultés existantes pour la construction d’une Nation démocratique et les motifs de l’expansion des diverses idées fascistes, nationalistes et sectaires dans la société.

Une prise de conscience

Cela n’a pas d’impact seulement sur la communauté française, mais sur toutes les communautés qui vivent en France ou qui ont migré en France, notamment les jeunes nées en France qui vivent une crise identitaire importante face aux sentiments patriotiques pour leur pays d’origine et à l’assimilation prônée par l’état-nation français. Pour pouvoir rompre avec la pensée de l’état-nation et dépasser cette crise de l’identité, la Jineolojî peut être perçue comme la science de la démocratisation des nations et comme une force de révolution des mentalités. Dans le cadre intellectuel, la science de la femme et de la vie cherche à mener un combat idéologique et historique contre le chauvinisme, l’individualisme, le centralisme, l’universalisme, le nationalisme et le racisme. Lors des débats dans les formations, certaines femmes françaises font l’évaluation suivante : « maintenant que j’ai pris connaissance du Kurdistan et de la Jineolojî, j’aimerais émettre une autocritique. Pourquoi je n’avais pas pris connaissance de tout ça avant ? Cela montre bien la réalité orientaliste et centraliste de la mentalité féministe occidentale. Je suis les débats féministes quotidiennement, mais en tant que féministes françaises, souvent, nous ne donnons pas beaucoup d’importance aux pensées et aux luttes des femmes du monde. » Grâce aux discussions qui émergent des présentations de Jineolojî, de nouvelles opportunités de critiques et d’analyses apparaissent, permettant aux mouvements de femmes de revoir et d’enrichir leurs méthodes de luttes.

Contre l’influence du nationalisme et du centralisme, les femmes migrantes et des peuples opprimés en France (comme les bretonnes par exemple), peuvent s’appuyer sur le principe de welatparêzî (défense de la terre) de l’Idéologie de libération des femmes en liens avec les savoirs historiques et sociologiques développés par la Jineolojî, comme une clé pour dépasser les problèmes issus de l’état-nation. Le terme de welatparêzî, en soit, construit une forme d’alternative qui devient le fondement de la construction d’une Covivance libre basée sur la défense de l’origine et de l’identité de la femme, de la diversité culturelle et de l’union de tous les groupes sociaux d’un même pays ou territoire. En France, on voit clairement les problèmes de covivance partout. C’est pourquoi, tant sur le plan académique que social, les idées féministes intersectionnelles et écoféministes sont très vivantes, particulièrement au sein des mouvements des nouvelles générations. Autrement dit, la quête de liberté des femmes qui puisse prendre en compte toutes les formes d’oppression et réfléchir à la construction d’une vie écologique et communale sans violence est très vivante. Pour le développement de la Jineolojî cette recherche est très importante, car elle représente les fondements de la révolution démocratique, écologique et de la libération des femmes. Enfin, pour toutes les femmes et les communautés, nous pouvons dire qu’avec l’objectif de la chute de l’esprit de l’état-nation, avec le projet de Nation démocratique et avec l’expérience du Mouvement des femmes aux Kurdistan, les perspectives développées par la Jineoloî pourraient devenir les fondements d’une deuxième révolution française ancrée dans la révolution des femmes du monde.

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Article publié par Jineolojî France dans le journal des femmes Newaya Jin du mois d’avril 2022 :
https://www.newayajin.net/fransada-jineoloji-tartismalari-ozgurluk-arayisinda-bir-kivilcim/

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