Le rôle du mouvement des femmes libres dans l’unité nationale kurde

Par Nagihan Akarsel

N’est-ce pas qui nous qui labourons

la terre affamée pour nous nourrir ?

N’avons-nous pas mené de sales guerres

au nom de la beauté ?

Ne sommes-nous pas celles qui ont construit l’amour à l’ombre des balles

et l’amitié dans la mer de la mort ?

C’est donc que la mort n’effraie plus

Que l’avenir est proche.

Que ce soit aujourd’hui ou demain

Ne sommes-nous pas celles qui vont y parvenir ?

Gülnaz Karataş

L’être ne peut être appréhendé indépendamment de l’espace-temps, de la connaissance qui s’y développe et de la forme qu’elle prend. L’identité, en tant que potentiel de signification de l’être, se forme également en lien avec ce processus. L’identité, qui constitue l’origine du système social, est définie superficiellement comme la réponse à la question « Qui êtes-vous ? », mais dans son sens le plus général, elle couvre toutes les caractéristiques de l’individu, de la société, du sexe ou de la classe. L’identité a toutefois une dynamique unique et libre liée à la dialectique de l’être. Ces dynamiques sont d’origine historique et sociale. Elles se forment en fonction des caractéristiques et des besoins de l’espace et du temps.

La formation de l’identité dépend du tissu social dont l’idéologie, les croyances, la culture, sa politique, tous les concepts, théories et institutions définissent l’identité. Plus le tissu social se complexifie, plus l’identité se complexifie et les mesures de compréhension de l’identité se modifient. Ainsi, alors que dans les sociétés naturelles, l’identité s’exprime par les concepts d’appartenance, de clan, de lignage et de famille, elle s’exprime dans les sociétés modernes par la nation, la religion, l’État ou l’individu. Ici, l’influence de l’espace ou de la géographie, les caractéristiques de l’époque et les besoins de la société ont une importance significative.

En ce sens, les politiques identitaires sont spécifiquement maintenues et affectent toutes les catégories de la société d’une manière différente mais profonde. Zygmunt Bauman souligne le lien entre l’évolution rapide des définitions identitaires et la mondialisation dont l’activité est menée de manière professionnelle dans l’intérêt du capital mondial. Et alors qu’elle est fondée sur la fragmentation des relations entre les individus et les communautés dans la vie sociale, elle crée un marché unique sur le plan économique, politique et culturel dans les relations du capital mondial.

Les politiques identitaires se fondent sur les intérêts des capitalistes et désintègrent les dynamiques existentielles de l’être. Le Kurdistan constitue le territoire qui souffre le plus de ces calculs du pouvoir hégémonique central ; en d’autres termes du système capitaliste monopoliste et dont l’identité a été blessée, fragmentée par les politiques d’extermination, de déni, de guerre, d’occupation et de déportation. C’est un peuple de 50 millions d’habitants, divisé en deux avec le traité de Qasri-Chirin au XVIIe siècle et en quatre avec le traité de Lausanne au XXe siècle. Son existence même a été questionnée par les politiques de déni et d’annihilation. Les raisons de ces attaques sont liées à sa position géostratégique, ses richesses naturelles et le fait qu’il soit le berceau de la culture néolithique qui constitue le début de la vie en société. En d’autres termes, il s’agit de la cellule souche. Elle est vivante et résiliente. C’est la culture. Elle s’est développée autour des femmes. Et il refleurit sur ses propres racines, conformément à la dialectique de la recherche de ce qui a été perdu là où il a été perdu. Comme l’a exprimé Abdullah Öcalan dans ses analyses, « La tradition et la culture sont en soi résistance. Vivre ou disparaître, voici leur caractéristique car elles ne peuvent se rendre. La résistance des cultures rappelle ces fleurs qui percent les murs pour affirmer leur existence. Leur retour la lumière en faisant éclater le béton de la modernité en est la preuve manifeste. »

Le fait que le Kurdistan soit la cible de l’annihilation, du déni, de l’occupation et de toute politique similaire est lié à cette caractéristique car la vie centrée sur les femmes qui se développe ici signifie l’élimination du système dominé par les hommes et de ses idéologies. Le sexisme, le fondamentalisme (ou la bigoterie), le scientisme et le nationalisme sont les principales idéologies. Et ces idéologies continuent à attaquer aujourd’hui, comme elles l’ont fait tout au long de l’histoire, afin de détruire à la fois l’existence kurde et l’existence des femmes au Kurdistan par des politiques d’extermination. Cette culture originaire a connu et connaît encore aujourd’hui une colonisation complète.

Sur cette base, la terre et la mémoire, qui sont les éléments constitutifs de l’identité, retrouvent leur sens au Kurdistan à travers l’identité des femmes. Des solutions originales, locales et universelles pour la libération sont en train de marquer l’époque autour de la volonté libre des femmes. Une identité qui répond aux besoins de l’époque et qui s’étend dans la dialectique du local à l’universel est en cours de construction. Avant de passer à l’importance décisive de cette identité dans le travail d’unité nationale, nous devons d’abord traiter de l’identité des femmes en tant que sujet politique de l’époque, de la réalité du Kurdistan en rapport avec la quête de ce qui fut perdu là où il fut perdu, de la culture originaire qui est la source de cette réalité, de la lutte pour la liberté des femmes du Kurdistan qui s’est développée à travers cette culture, et des formes sémantiques et structurelles qu’elle a formées. Ainsi, le rôle de la libre volonté des femmes dans l’œuvre d’unité nationale sera mieux compris.

Le sujet politique de l’époque

Conformément à la dialectique de l’être, il est important d’évaluer non seulement l’espace mais aussi le temps dans lequel nous nous trouvons. Le XXIe siècle se caractérise par trois contradictions fondamentales. La première est la contradiction entre les capitalistes et toute l’humanité, la deuxième est la contradiction entre la nature et l’homme, et la troisième est la contradiction des sexes.

C’est une époque où les problèmes sociaux se gangrènent de jour en jour, où le problème écologique menace la vie et où la contradiction entre les sexes est vécue au plus haut niveau. En ce sens, le XXIe siècle est une période où le problème de la libération des femmes se fait plus que jamais sentir.

Le rôle des femmes dans la résolution de ces contradictions, qui sont la source de la destruction de la société et de la vie et des femmes, est d’une importance décisive. Affirmant que la solution de ces trois contradictions est possible avec un paradigme basé sur la liberté démocratique, écologique et des femmes, Öcalan a pris la participation des femmes dans la lutte en tant que sujet politique comme le principe le plus fondamental. C’est sur cette base qu’il a déclaré que « l’âge de la civilisation démocratique est l’âge de la civilisation des femmes ». La définition de l’identité comme potentiel de sens de l’existence trouve également son sens dans cette dialectique de la lutte.

L’autonomisation des femmes, leur émancipation de l’esclavage, leur libération du statut de première et dernière colonie, ne peut se faire qu’en participant à toutes les sphères de la vie, et de se donner une identité par l’organisation. Dans le livre « Les femmes : la dernière colonie », il est indiqué que « Notre conscience du fait que la question des femmes est liée à la question coloniale et que les deux sont liées au modèle d’accumulation capitaliste/patriarcal dominant et global ne s’est pas soudainement imposée à nous ou n’est pas apparue soudainement dans notre travail ». Ce n’est pas une coïncidence si l’identité des femmes est définie comme la plus ancienne et la dernière des colonisations. Avec l’asservissement des femmes, l’harmonie entre les femmes et les hommes, entre les femmes et les femmes, les femmes et la nature a été perturbée, ce qui signifie la perturbation de l’harmonie de la vie. Il est possible de retrouver cette harmonie par une lutte identitaire consciente, active et significative.

Il est clair que l’identité féminine colonisée est confrontée à un système d’exploitation très complet en termes de nationalité, de classe et de genre. La stratégie de l’idéologie sexiste et de son système patriarcal, qui forme son concept et sa méthode en conséquence, pour maintenir les femmes dans une position colonisée se poursuit avec des méthodes différentes à chaque époque. La modernité capitaliste et le système de l’État-nation prennent grand soin d’utiliser les femmes comme les moyens les plus développés du capital et du pouvoir. Öcalan a déclaré : « Le capitalisme a développé un système d’exploitation des femmes comme aucun autre système d’exploitation. Il est douloureux de revenir sans cesse à la condition féminine, même si nous ne le voulons pas. Mais pour ceux qui sont exploités, le langage de la réalité n’est pas l’inverse ».

Sur cette base, des solutions à ces trois contradictions sont élaborées par la lutte des femmes, en tant que sexe colonisé, contre le système patriarcal dans tous les domaines de la vie. Avec la volonté des femmes, la recherche du sens de la vie s’accroît, et en lien avec cela, la forme d’une vie centrée sur la femme se forme. Le mouvement des femmes libres crée son existence en bénéficiant des expériences des femmes du monde entier, et lui donne une forme basée sur sa propre dynamique et sa propre conscience dans son lieu, qui est le berceau des civilisations. Comme il affirme que la volonté de résoudre les contradictions fondamentales de l’époque est le fait des organisations de femmes libres, il les met en pratique. Il développe la théorie et la pratique du changement du système dominé par les hommes avec cette volonté.

Il est clair que les femmes, qui sont soumises aux politiques d’asservissement les plus profondes de l’histoire, doivent créer une mentalité qui permette de surmonter cela. La mentalité formée sur la base du libre arbitre des femmes est également d’une importance décisive dans l’œuvre d’unité nationale. Avant de passer au potentiel sémantique et structurel créé par la dialectique de lutte qui a débuté au Kurdistan dans les années 1970, il est important d’examiner la situation du Kurdistan et des femmes kurdes après la révolution néolithique des villages agricoles, qui était une révolution culturelle profondément enracinée.

Une dialectique de la lutte nourrie par ses racines

Le cycle de la liberté des femmes trouve à nouveau son sens dans les terres du Kurdistan. Parce que le Kurdistan est le lieu où la première socialité a été organisée et où la première philosophie et vie de liberté a été développée. Le fait que le Kurdistan soit le lieu de la révolution néolithique de l’agriculture et des villages, c’est-à-dire de la première révolution des femmes, rend vital le dicton « Toute plante pousse sur ses propres racines ». La position du lieu en tant que berceau de la civilisation étatique et de la civilisation démocratique et la stratégie de lutte pionnière qui s’est imposée au cours de notre siècle sont liées à ses racines. Le fait que la révolution du Rojava, qui a eu lieu aujourd’hui en Haute Mésopotamie, la terre des ancêtres de la socialité, trouve un sens en tant que révolution des femmes confirme également la détermination que « l’Histoire, c’est maintenant ». Car la révolution néolithique, qui est une révolution culturelle à caractère universel ainsi qu’une révolution agricole et villageoise, a la caractéristique de la culture racine dans laquelle le monde de la culture matérielle et spirituelle a d’abord fermenté, pris forme et s’est structuré en tant qu’entité. On observe que cette culture est devenue permanente en Haute Mésopotamie en 10 000 avant J.-C. sous la direction des femmes.

Les résultats et les données révèlent la réalité historique selon laquelle la géographie du Kurdistan a été le premier endroit où la révolution agricole-villageoise s’est développée et a été le principal lieu et centre de la vie sédentaire. On peut citer Şanedar Şikeftî dans la région de Mergesor à Diyana, qui remonterait à 60 000 ans avant Jésus-Christ, Şikefta Du Derî à Efrin dans le Rojava Kurdistan, qui remonterait à 35 à 40 000 ans avant Jésus-Christ, Şikefta Hezar Merd à Sulaymaniyah, qui remonterait à 40 000 ans avant Jésus-Christ, Şikefta Zerzî au bord de l’eau de Zerzî à Sulaymaniyah, qui correspondrait à 25 000 ans avant Jésus-Christ. La région de Girkê Heciyan-Amed Farqîn (6000-5000 avant JC), Newala Çori-Urfa Siverek (8000-7000 avant JC), Genci Dara (Ganjdara)-Kirmanşan (8000 avant JC), Çayönü- Amed Ergani (9000 avant JC) sont les endroits où des vestiges de la période néolithique ont été trouvés. Çayönü est également considéré comme la première zone de peuplement de la période néolithique. À Çemê Xalan, à Batman, on trouve des traces de vie de chasseurs-cueilleurs et on considère qu’il s’agit de l’un des premiers établissements néolithiques remontant à 10 000 ans avant Jésus-Christ. À Tell Beydar, entre Dirbêsiyê et Amudê, un village néolithique datant de 7000 avant J.-C. a été découvert. Girê Moza à Amudê date de 3500-3700 avant J.-C., tandis que Gundê Çermo à Çemçemal date de 9000 avant J.-C., où les restes d’un village néolithique de 20 maisons ont été découverts. Ces faits historiques prouvent concrètement que la première vie sociale et la révolution culturelle néolithique ont été façonnées autour des femmes.

L’institutionnalisation et l’aboutissement de cette culture se sont incarnés dans la culture de Tell Halaf (située à Serêkaniyê). La culture de Tell Halaf représente l’apogée et la propagation de la révolution néolithique de l’agriculture et des villages entre 6000 et 4000 avant JC. Le développement de la culture Tell Halaf a posé les premières pierres de la civilisation qui a émergé après elle, ainsi que de nombreuses nouvelles inventions. La poterie, le fuseau, le moulin à main, la charrue, le tissage, la roue, l’architecture des villages sont des produits de cette période.

Alors que la culture Tell Halaf, une culture matriarcale, s’est développée en Haute-Mésopotamie, la culture d’Obeïd, représentant une culture patriarcale, s’est développée en Basse-Mésopotamie vers 4200-3200 avant JC. La culture d’Obeïd s’est construite et institutionnalisée sur les valeurs de la culture Tell Halaf. La culture d’Obeïd qui est une culture sémitique, s’est nourrie de la culture de la chasse et du pastoralisme. Il s’agit d’une culture qui s’est développée autour des villes d’Eridu et d’Ur en Basse-Mésopotamie. Cette période correspond au développement de l’urbanisation, de la société de classes, du commerce, de la contrainte idéologique et militaire. Il y a une contradiction, un conflit et une résistance permanente, visible encore aujourd’hui, révélant les tentatives d’influences de la culture d’Obeïd sur la culture de la Haute Mésopotamie.

Ce conflit entrera dans l’actualité de l’humanité comme étant le conflit et la contradiction entre la montagne et la plaine, le village et la ville, la femme et l’homme, l’homme et la nature, la ligne libertaire et la ligne collaboratrice. Cette réalité est comprise à partir de la mythologie de Ninhursag, la déesse de la montagne décrite dans les mythologies sumériennes de cette période. Toujours dans l’épopée de Gilgamesh, la figure de Ninhursag, qui résiste à la civilisation sumérienne et représente la culture des déesses, exprime essentiellement le symbole de la résistance de la lutte pour la liberté et l’existence. Il ressort clairement de ces mythologies qu’une culture de la résistance émerge contre la civilisation centrale en développement. Ce processus s’est développé comme une rébellion et une contre-révolution contre la culture néolithique, qui était la révolution agricole villageoise représentant la culture de la déesse. Là encore, c’est ce combat qui est essentiellement destiné à être décrit dans le conflit Inanna-Enki, qui est le sujet principal des récits mythologiques sumériens. Cette lutte et ce conflit ont duré jusqu’à 2 000 ans avant Jésus-Christ.

Les femmes kurdes en lutte dans un Kurdistan morcelé

Le Kurdistan, en état constant de résistance par la suite, a été divisé en deux parties avec le traité de Qasri-Chirin en 1639 et en quatre parties avec le traité de Lausanne signé le 24 juillet 1923. Il a été soumis à toutes les formes de politiques de génocide culturel, physique et politique, notamment les politiques d’extermination et de négation. Les femmes kurdes, dont la socialité est fondée sur la culture néolithique et la mentalité de la déesse, ont joué un rôle pionnier dans ces résistances. Quelle que soit la division du Kurdistan, les femmes kurdes ont préservé leur welatparêzî (amour pour la défense de la terre), leur culture, leur langue et leur résistance. Cependant, l’absence d’une organisation autonome les a empêchés de remporter la victoire finale dans la lutte pour l’unité nationale et la résistance.

Le Kurdistan de l’Est (en Iran) a été la première partie du Kurdistan à connaître la fragmentation. C’est là que la quête de liberté des femmes kurdes s’est d’abord reflétée dans la poésie et les œuvres littéraires. Daye Tebrez, Jalale Xanım Luristani, Xatun Mayzad, Daye Xazan Sarkati ayant vécu au X et XI siècles font partie de ces figures littéraires. Au 13e siècle, lorsque Saladin Ayyubi régnait en Égypte, Seceret-al Durr, un membre de cette dynastie, a réussi à devenir la reine d’Égypte en 1250. Cependant, elle a été massacrée car elle ne pouvait pas régner selon les règles islamiques. Au XVIIe siècle, en 1608-1610, à Kela Dimdimê, dans le Kurdistan de l’Est, des femmes kurdes ont choisi de mettre fin à leur vie honorablement en sautant des murs du château plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi. Bien qu’elles aient été vaincues au cours de la bataille, Zadire Xanim, qui a rejoint les forces de Çengzerî six ans plus tard avec une force de mille personnes pour la défense de Kela Dimdimê, a poursuivi la résistance significative des femmes kurdes, et pendant six ans, elle a travaillé pour l’unité interne des Kurdes. Après ce succès de Zadire Xanim, elle a gouverné les principautés kurdes de Perizatxan Erdelan. Et pendant vingt-cinq ans, elle a attaché une grande importance à la paix interne entre les Kurdes. Au XVIIe siècle, Xanzade Sultan Hamedan, qui commandait une grande armée dans la région de Soran, a progressé vers les régions de Hamedan, Dergrizin et Janjanap.

Pendant la rébellion de Rewanduz de 1831-1835 dans le sud du Kurdistan, la résistance et la welatparêzî de Xatu Xanzat dans le célèbre château sont importants. Lorsqu’on a demandé à Xatu Xanzat de se marier dans sa jeunesse, elle a répondu : « Mon corps n’est pas un titre, il est le Kurdistan. Si je me marie, je veux me battre et lutter pour le Kurdistan » montre son amour pour la défense de la terre. Lors des rébellions de Behdinan en 1842 et de Bedirxan Bey en 1842-1848, les femmes étaient au premier plan. Helime Xanim a pris le contrôle d’un château dans la région de Başkale pendant les rébellions de Bedirxan Bey. Bien que ces rébellions aient été centrées sur des intérêts tribaux, elles sont des exemples qui montrent l’essence résiliente des femmes kurdes. En 1854, Fato Reş (Fatma noire), Hattuşahnaz au Kurdistan oriental au début des années 1900, et Adile Xanim à Şehrazor sont des personnages importants de l’histoire.

Au cours de cette période, les efforts des femmes kurdes pour l’unité nationale se sont également poursuivis. Contrairement aux organisations culturelles kurdes, l’association Kurdistan Teali, qui avait pour la première fois des objectifs politiques, a été fondée à Istanbul. Au sein de cette association, les journaux Jîn (vivre) et Kurdistan ont été publiés. Au sein de cette association, les femmes kurdes s’organisent pour la première fois et créent l’Association des femmes patriotiques. Toutefois, cette organisation est restée très étroite et limitée à une élite. À la même époque, l’Union des femmes du Kurdistan a été fondée sous la présidence de Hafsa Xan Naqip. S’il est à noter qu’elle dispose d’une autorité politique, elle a une sensibilité nationale et a fait des efforts pour sensibiliser les femmes. En 1946, l’Union des femmes du Kurdistan, fondée sous la direction de Mina Qazi, et qui a participé à l’établissement de la République kurde de Mahabat représente un repère important. Bien que ces syndicats aient été créés dans le cadre de l’aspiration à l’unité nationale, il est difficile de les traiter indépendamment des idéologies nationalistes de l’époque. Bien que les femmes aient joué un rôle important dans la création d’une nation moderne, on ne peut affirmer qu’elles ont mené une politique fondée sur leur libre arbitre et leur volonté politique.

Dans la résistance kurde du 20ème siècle, le rôle des femmes est évident. Bese dans la résistance de Dersim, Zarife dans la résistance de Koçgiri, Gülnaz dans la résistance de Ağrı, et Perixan dans Amed sont des identités féminines pionnières. Bese a joué un rôle dans la rébellion de Dersim grâce à sa confiance, son assurance, son patriotisme et sa détermination. Bese perpétue la tradition des femmes kurdes qui se jettent du haut des falaises pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi. Elle est la Bese des milliers de femmes de Dersim qui se sont jetées de la falaise dans le torrent du fleuve Munzur pour ne pas tomber vivantes aux mains de l’ennemi. Zarife est une femme kurde qui a participé à la rébellion de Koçgiri. Zarife, comme Bese, est une combattante. Zarife est une pionnière avec sa nature rebelle et têtue, ses positions nobles et sa résistance intransigeante. Leyla Qasim, sur le chemin de la table d’exécution le 12 mai 1974, a déclaré avec son honneur résilient : « Dans ma propre réalité, dans ma propre cause, j’ai fait peu pour mon peuple ». La résistance de Gülnaz, qui a déclaré « J’ai élevé ce fils pour ces jours, si je n’avais pas vu cette image héroïque, je n’aurais pas donné mon lait » lorsque la tête coupée de son frère et de son fils s’est présentée devant elle pendant la rébellion d’Ağrı, a fait l’objet d’épopées.

La position sociale des femmes

Sur cette base, le peuple kurde, qui est sous l’emprise de politiques de génocide culturel, physique et politique, a toujours recherché l’unité. Avec l’introduction de l’Islam au Kurdistan, les femmes ont conservé leur statut indépendant parmi les tribus kurdes qui se sont retirées dans les montagnes. Cependant, avec le développement de l’Islam, les femmes ont été principalement confinées au sein de la famille, influencées par la mentalité existante, et sont entrées dans la roue de l’exploitation des structures tribalistes et religieuses. Malgré la pression des beyliks, aghas et cheikhs kurdes semi-autonomes, qui les empêchaient de se réunir sous un toit national pendant la période ottomane, les femmes résistantes susmentionnées sont apparues à partir du 19e siècle. Étant donné que les documents écrits sur les femmes kurdes sont rares et que les sources qui les mentionnent sont pour la plupart basées sur des mémoires et des récits de voyage d’observateurs occidentaux et écrits d’un point de vue masculin, aucune information fiable ne peut être trouvée.

Au Kurdistan, ce sont les femmes qui ont le plus préservé la langue, la culture et les valeurs sociales kurdes. Les tribus portant le nom de femmes, les batailles qui se terminent par le voile des femmes au sol en temps de guerre, et les enfants les plus performants reconnus par leur mère ne sont que quelques exemples. Les Kurdes, qui conservent leur dynamique de résistance sur cet axe, ont réussi à survivre malgré leur fragmentation.

Les pratiques particulières du colonialisme au Kurdistan ont non seulement amené la structure tribale et familiale à une position clé, mais l’ont également éloignée de ses valeurs nationales et spirituelles. Les compréhensions nationalistes primitives après la fragmentation du Kurdistan manquent de fondations idéologiques et philosophiques saines. Ce n’est pas un hasard si les principaux outils d’assimilation dans les quatre parties du Kurdistan sont la famille, l’éducation, la religion et les institutions juridiques. Pour cette raison, la famille joue le rôle d’une institution qui perpétue une réaction idéologique, politique, morale, culturelle et économique très dangereuse au Kurdistan. Le colonialisme, qui a aboli toutes les institutions nationales et sociales, a imposé la famille comme une institution fondamentale avec une politique spéciale. Il est d’une importance historique de développer une politique sous la direction des femmes au Kurdistan et qui soit éloignée de la politique basée sur les intérêts familiaux, nationalistes et de partis étroits.

La lutte pour la liberté et la quête de l’unité nationale

La création du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les années 1970 a jeté les bases de la participation des femmes à la lutte. Les femmes ont participé à la lutte en tant que groupe, surtout dans la période allant de 1978 aux années 90, et ont assuré leur croissance tant quantitative que qualitative. Les femmes qui ont rejoint la lutte nationale ont insisté sur l’importance de lutter pour l’égalité des sexes, contre les approches masculines réactionnaires qu’elles ont connues dans la lutte. Lors du congrès national des femmes du Kurdistan, qui s’est tenu dans la montagne le 23 mars 1993, Öcalan a déclaré : « Le peuple colonisé du Kurdistan, ce sont les femmes colonisées du Kurdistan. La révolution du Kurdistan triomphera par le triomphe des femmes du Kurdistan ». Lorsqu’Öcalan a déclaré « le Kurdistan est une colonie » lors de la première réunion de groupe au Newroz 1973 il précise avoir tremblé et avoir vécu jusqu’à l’os les aspects choquants de cette réalité. Cette phrase à propos d’une identité dont l’existence même était contestée a déterminé la dialectique de la lutte, et la volonté organisée des femmes kurdes dans tous les domaines de la vie a été décisive pour l’unité nationale.

Dans la lutte pour la liberté, qui a commencé par la phrase « le Kurdistan est une colonie » et qui a menacé en peu de temps le système étatiste sexiste, militariste, raciste et nationaliste, le travail pour l’unité nationale a été réalisé de la manière la plus complète. Le martyre de Haki Karer, le premier martyr, a été causé par une formation kurde de collaboration, les conflits internes entre les partis kurdes, notamment le KDP-YNK au Kurdistan du Sud, et les différentes formations politiques au Kurdistan de l’Est révèlent que l’unité nationale est le domaine le plus compliqué. Ces partis et formations, structurés en fonction des intérêts des États-nations souverains, se sont affrontés et organisés contre la lutte pour la liberté des Kurdes. Par exemple, dans le sud du Kurdistan, à partir de la mi-1982, l’activité du Mouvement pour la liberté s’est accrue, alors que dans le même temps, les conflits internes entre le PDK et le YNK ont augmenté. Au lieu de retourner les canons de leurs fusils contre le régime fasciste de Saddam, ils les ont retournés les uns contre les autres, ce qui a conduit à la mort de Mehmet Karasungur et Ibrahim Bilgin le 2 mai 1983, qui tentaient d’assurer l’unité entre ces partis et de prévenir les conflits internes. Les partis kurdes ont assassiné des cadres avec la mission d’assurer l’unité nationale et de prévenir les conflits internes. Dans les premiers temps de la mise en place de l’Union nationale, il a été vivement ressenti que la réalisation des aspirations du peuple kurde à l’unité nationale était le domaine le plus difficile.

Certaines opportunités historiques ont été manquées par les partis politiques kurdes collaborateurs, notamment le PDK. Une mentalité basée sur des intérêts tribaux a joué un rôle dans la désintégration rapide des rassemblements fragmentés. La création du Front démocratique national et du Front de la nation démocratique dans les années 1980 et leur désintégration ultérieure, la signature d’un accord entre le PKK et le PDK en 1983 pour travailler ensemble, suivi par le le retrait du PDK avec l’accord de 1986, la création du Front du Kurdistan en 1989 par des partis politiques du Sud puis sa désintégration en peu de temps en sont quelques exemples.

Bien que de nombreuses mesures aient été prises depuis lors, l’exemple le plus réussi et le plus cohérent est le Congrès national du Kurdistan-KNK, qui a été créé le 26 mai 1999. Le KNK a tenu de nombreuses sessions jusqu’à présent et a lutté pour unir les quatre parties autour d’un agenda unique. Il vise à unir tout le monde dans l’intérêt du Kurdistan sur la base d’une politique démocratique pour les rêves d’unité nationale du Kurdistan, qui est dominé par les États coloniaux de Turquie, de Syrie, d’Irak et d’Iran au Moyen-Orient. Il crée des agendas sur les politiques de guerre, d’extermination, de déni, d’occupation, de colonisation et de la migration, notamment à Sinjar, Afrin, Mahmur, Serêkani et GiSpî. Au Kurdistan du Sud, il lutte pour la mise en place d’une politique conforme aux intérêts du Kurdistan dans la région fédérale du Kurdistan, reconnue de facto le 19 mai 1992 et officiellement le 9 avril 2003. Il réalise notamment des études sur le statut de Kirkuk et de Xaneqin, dont le statut est incertain.

Le KNK mène des activités diplomatiques pour la protection de la structure autonome démocratique créée au Rojava. Il considère que la révolution des femmes du Rojava, qui a commencé en 2011, a formé sa propre administration autonome en 2012 et est devenue une alternative dans le monde en tant que système démocratique en 2014, est légitime et attache la plus grande importance à sa protection. Il développe également des politiques à l’égard des Kurdes qui, même dans la diaspora, préservent leur langue et leur culture et s’organisent dans les États où ils vivent. Il a également pris des mesures pour protéger les droits des différents peuples du Kurdistan et contribuer à leur représentation sur une base démocratique. La plate-forme nationale des femmes kurdes, qui a formé sa propre organisation au sein du KNK, a été pionnière dans ces efforts. Dans ce sens, il est important de connaître les processus d’organisation des femmes kurdes, qui ont nourri cette volonté.

Organisation des femmes libres

Les femmes des quatre parties du Kurdistan ont fondé leurs organisations sur une volonté nationale. À partir des années 1990, les tentatives d’organisation se sont multipliées et la première organisation de femmes YJWK (Union des femmes welatparêz du Kurdistan) a été créée à cette époque. La période des années 1990 aux années 2000 a également été une période de développement de l’organisation de l’armée et du parti des femmes. Beritan Hevî, tout comme à Kela Dimdimê et à Dersim, a agi en se jetant du haut des falaises pour ne pas être capturée par les forces d’occupation et leurs collaborateurs. C’est sur cette base qu’a été fondé le YAJK, l’Union pour la liberté des femmes du Kurdistan. L’expérience partisanne, qui s’est poursuivie avec le PJKK (Parti des femmes travailleuses du Kurdistan), le PJA (Parti des femmes libres) et le PAJK (Parti de la liberté des femmes du Kurdistan), a été le symbole des idéaux de liberté de Zilan et de Sema Yüce. C’est à cette époque que se développent la théorie de la séparation, le projet de transformer les hommes et l’idéologie de la libération des femmes.

Les femmes kurdes ont rapidement développé des organisations idéologiques, sociales, politiques et d’autodéfense basées sur leur propre pouvoir. C’est aussi le début d’une période au cours de laquelle la lutte pour la liberté du Kurdistan a fait une révolution dans la révolution. Depuis les années 2000, les étapes franchies dans le domaine social avec le KJK (Communautés des femmes du Kurdistan) et le contrat social ont été la période où ils ont pris forme dans le domaine social, politique et de l’autodéfense en quatre parties sur l’axe du paradigme de la modernité démocratique basé sur l’écologie démocratique et la liberté des femmes. Dans le domaine social, TJA (mouvement des femmes dans le nord Kurdistan en Turquie), KJAR (dans le sud Kurdistan en Iraq), RJAK (dans l’est Kurdistan en Iran), Kongra Star (à l’ouest Kurdistan -Rojava- en Syrie) en font partie. Ils ont formé leur volonté authentique et libre dans toutes les dimensions de la vie, notamment dans la presse, la diplomatie, l’éducation, la culture et la politique. De la défense indépendante des femmes au parti des femmes, du confédéralisme des femmes aux institutions autonomes qu’elles ont créées dans les quatre parties de leurs pays, elles sont devenues les créatrices et les auteurs de l’histoire de la résistance radicale en créant leurs propres organisations. Avec le système de coprésidence, la théorie de la covivance libre et la science de la femme et de la vie Jineolojî, les femmes sont la principale force pionnière du système de modernité démocratique. Grâce à cette conscience et à cette volonté, la participation des femmes à tous les mécanismes de prise de décision et le fait d’être la force de construction du système confédéral démocratique ont pris une importance décisive dans les efforts d’unité nationale du Kurdistan. L’idéologie de la libération des femmes, du confédéralisme des femmes, de l’autodéfense des femmes a pris sa place dans l’histoire comme système concret des femmes avec la plus récente révolution du Rojava.

Le rôle pionnier des femmes dans la lutte pour l’unité nationale

Le Mouvement pour la liberté des femmes estime que la libre volonté des femmes est déterminante dans l’œuvre d’unité nationale et poursuit son travail sur cet axe. Les femmes kurdes, qui mènent leurs activités dans le domaine social sous l’égide du RJAK au Sud, du TJA au Nord, du KJAR à l’Est et du Kongra Star au Rojava, ont attiré l’attention sur le rôle pionnier des femmes dans le travail pour l’unité nationale dans leurs contrats sociaux. Le Kongra Star a également inspiré et mis en pratique la révolution du Rojava, dont elle a été la pionnière pour résoudre la question de l’unité nationale du Kurdistan selon le principe du confédéralisme démocratique sans toucher aux frontières politiques.

En 2017, le TJA a créé la plateforme des femmes kurdes unies. Le 23 décembre 2017, une délégation de près de 100 femmes kurdes issues d’organisations politiques, sociales, culturelles, artistiques, économiques, écologiques, municipales, des médias, des instituts de langue kurde, d’organisations de femmes civiles kurdes, d’initiatives, de mouvements, de groupes, de personnalités, etc. des métropoles du Kurdistan et de la Turquie s’est réunie à Amed. Les femmes se sont réunies avec une délégation de près de 100 femmes kurdes et ont crée la plate-forme. La plateforme continue de travailler avec le slogan « Si nous ne sommes pas une, nous disparaîtrons une par une » et mène une mission pionnière en termes d’unité nationale kurde.

Il est un fait que dans les années 1990, les femmes ont progressivement intensifié leur lutte organisée pour éliminer les idéologies racistes, militaristes et sexistes contre la famille, la société et l’État dominés par les hommes, en s’organisant au sein de partis politiques, de groupes de défense des droits de l’homme, de syndicats, d’associations et d’organes de presse. Les femmes kurdes, réunies autour de magazines, d’associations, de syndicats et de partis politiques, se sont organisées contre la mentalité dominée par les hommes au sein de leur identité nationale et de leur propre structure sociale. En fait, les femmes qui ont été déplacées de force des villages après 1990 ont été les pionnières de la lutte des femmes dans les villes d’où elles venaient. Des milliers de femmes ont transformé les prisons en lieux de résistance. Des dizaines de milliers de femmes ont résisté à la torture, au harcèlement et au viol dans les centres de détention et les prisons. Elles ont poursuivi sans interruption leur lutte dans les prisons contre les attaques sexistes, racistes et militaristes, les exécutions illégales et extrajudiciaires, les détentions et les arrestations, et l’ont menée jusqu’à aujourd’hui. Avec l’essor de la lutte pour la liberté, les femmes se sont organisées dans des domaines tels que la presse, l’art, la culture, le droit, l’éducation, la santé, la diplomatie, les droits des femmes, les syndicats et les partis politiques.

Les Kurdes qui s’unissent autour d’un programme commun ont fait échouer les politiques des États-nations dominants de la région. La participation aux rangs de la liberté des quatre parties a permis l’émergence d’une volonté libre et commune. Le cœur de la stratégie d’organisation en fonction de l’unicité des régions a été établi avec les femmes pionnières des quatre régions du Kurdistan prenant part aux mécanismes de prise de décision. Sur cette base, la première fois que le Kurdistan s’est rassemblé autour d’un seul et même agenda, c’était lors de la conspiration internationale contre Abdullah Öcalan le 15 février 1999. La deuxième grande unité est apparue lors de la résistance de Kobanê. Quatre parties du Kurdistan se sont unies autour d’Öcalan et de Kobanê. Dans les deux cas, les politiques des forces conspiratrices internationales ont été mises en échec. La résistance de Kobanê a vidé de leur sens les frontières artificielles des quatre parties du Kurdistan et a uni le peuple kurde pour la première fois. Après la conspiration internationale, le peuple kurde s’est uni pour la première fois dans la résistance de Kobanê. L’unification du peuple kurde à Kobanê a eu un grand écho dans le monde. Tous ces développements, notamment le principe de l’unité nationale démocratique et de la coopération avec toutes les parties et tous les peuples du Kurdistan dans le cadre du confédéralisme démocratique, ont créé des opportunités pour la réalisation de l’objectif de l’unité nationale sous la direction des femmes.

Le processus de subjectivation des femmes et la culture de la résistance développée au Rojava Kurdistan ont invalidé les cartes officielles de l’hégémonie capitaliste occidentale et de leurs gouvernements collaborateurs locaux qui divisent les terres du Moyen-Orient avec des dirigeants. D’autre part, il s’agit d’une révolution au cours de laquelle la solidarité des femmes de toutes les parties du monde s’est manifestée à grande échelle pour la première fois. Une fois de plus, le rêve séculaire kurde d’unité nationale s’est réalisé sous la direction des femmes. Les actions communes pour la liberté de Zeynep Jalaliyan, qui est emprisonnée au Kurdistan de l’est, les protestations contre les exécutions, le soutien des quatre parties et du monde à la grève de la faim pour la liberté d’Öcalan, les Kurdes qui se sont unis dans les occupations d’Afrin, de Serêkaniyê et de GiSpî au Kurdistan et dans le monde entier sont l’incarnation de cette volonté organisée.

L’importance de la volonté organisée des femmes dans l’œuvre d’unité nationale est stratégique, comme le montrent tous ces exemples. Aujourd’hui, les femmes kurdes sont une force pionnière avec leur identité de femmes libres dans de nombreux domaines, de la politique à l’art. Elles ont pris des mesures importantes pour établir leur propre diplomatie, leur presse, leurs académies, leurs partis politiques et leurs lois avec la participation de femmes des quatre parties. À cet égard, le niveau de leadership des femmes revêt une importance décisive. Il est d’importance historique qu’elles fassent des analyses complètes avec une conscience démocratique contre les compréhensions sexistes, nationalistes et scientistes, qu’elles prennent comme base la politique démocratique et qu’elles considèrent que l’unité du Kurdistan passe par la libre volonté des femmes comme une stratégie de base dans toutes ses organisations. Une stratégie à déterminer par les femmes sur la base d’un contrat social est également une garantie pour la coexistence de toutes les différences. La formation d’une force de défense commune créera également une force d’autodéfense contre les États-nations et leurs sources hégémoniques centrales. L’existence d’idéologies et de partis politiques différents n’est pas une raison de conflit, mais une force catalytique pour le développement démocratique. Les exemples de la résistance à l’autogestion dans le nord du Kurdistan et de la révolution des femmes au Rojava ont révélé l’importance décisive de la volonté des femmes libres de passer de l’autodéfense au travail social.

Conclusion

La politique démocratique, qui est la forme concrète de la liberté et de la politique sociale, se réalise à travers les sujets démocratiques. La lutte au Kurdistan, qui va du local à l’universel, et les formes sémantiques et structurelles créées avec elle, ont révélé que le sujet politique et démocratique de l’époque est la femme. Elle a prouvé que la liberté des femmes est la mesure de la liberté sociale. Les mesures prises par les femmes, qui étaient exclues de la politique, dans tous les domaines de la vie au Kurdistan, leur ont permis de devenir un sujet politique.

Dans la formation de l’unité nationale, le pouvoir du mouvement des femmes de lutter avec leur welatparêzî, leur libre arbitre et leur organisation sur la base de l’idéologie de la libération des femmes et sur cette base de viser une vie belle et juste est d’une importance décisive. Pour une vie belle et juste, la réalisation de la fonction réelle de la société morale et politique est la première tâche de la politique démocratique. Là encore, la construction d’une nation démocratique, c’est-à-dire la transformation de groupes linguistiques et culturels identiques ou similaires en une société démocratique sur la base d’une politique démocratique, est importante. Il est d’une importance stratégique que la richesse culturelle de tous les groupes sociaux, et pas seulement d’une tribu ou d’une ethnie, d’une secte, d’une croyance ou d’une idéologie, soit prise comme base. L’unité des institutions y est liée, c’est-à-dire l’unité des partis, des groupes, des assemblées, des médias et de nombreuses autres institutions similaires. Il est historique que les discussions et les processus de décision soient fondés sur cette unité.

L’objectif de la politique n’est pas d’être au pouvoir, mais de trouver des solutions aux problèmes en adoptant une approche fondée sur des principes et le sens qu’on leur donne. L’approche de la politique démocratique qui respecte toutes les différences de la société, la richesse de son contenu, le courage politique, le principe de moralité, les connaissances historiques et actuelles et une approche holistique et scientifique est importante. Il est nécessaire que la société forme sa propre administration autonome sous la direction des femmes, et que la gestion et le contrôle démocratiques de chaque groupe et de chaque culture soient assurés jusqu’à l’assemblée, la commission et le congrès. En tant que mode de construction du confédéralisme démocratique, la politique démocratique donne à chaque identité la possibilité de s’exprimer. Le système de coprésidence, en tant que système des femmes, trouve vie partout où il y a une organisation, notamment au Rojava et dans le nord du Kurdistan.

Certains des principes de base sont qu’aucune décision ne devrait être prise au Kurdistan sans la volonté des femmes, que toutes les formations au Kurdistan ne devraient pas contredire les droits des femmes, que la représentation démocratique des femmes devrait être prise comme base dans les activités d’unité nationale, que l’exploitation sociale, politique et économique des femmes devrait prendre fin, qu’une attitude devrait être adoptée contre les massacres de femmes, que les obstacles devant la conférence nationale des femmes du Kurdistan devraient être éliminés, que toutes les femmes du Kurdistan devraient être unies indépendamment des croyances et des différences ethniques, que les femmes devraient lutter activement contre l’assimilation dans tous les domaines, en particulier dans celui de la langue.

Dans l’axe de l’unité nationale démocratique fondée sur l’unité des peuples, il est d’une importance historique que les femmes servent dans l’œuvre d’unité nationale. Cela n’est possible que si les femmes gagnent dans le domaine politique, deviennent une volonté et luttent contre les structures étatistes et hiérarchiques. Un mouvement de femmes qui protège sa langue, sa culture et forme sa philosophie de vie en faveur de la liberté jouera et joue un rôle historique dans l’œuvre d’unité nationale.

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